avril 2011


Un défi majeur se profile en Afrique de l’Ouest : trouver les solutions en vue de nourrir une population appelée à doubler dans les 30 prochaines années, dans un contexte d’explosion urbaine. Face à ce défi, SOS Faim a souhaité inscrire la problématique céréalière de la région à l’agenda de ses partenaires, organisations paysannes (OP) des différents pays de la région. Compte tenu du poids des céréales dans les économies alimentaires, dans les systèmes de production, et enfin dans les échanges régionaux, elles constituent un des principaux enjeux au regard des objectifs de souveraineté alimentaire affichés par les OP régionales.

Plus de 70 participants ont ainsi pris part au Séminaire régional sur le développement des filières céréalières en Afrique de l’Ouest qui s’est tenu à Ouagadougou du 23 au 25 novembre 2010 à l’initiative de SOS Faim. A l’issue de ce séminaire,  un processus de capitalisation a été entamé dont bien des conclusions transcendent la région ciblée et qui soulignent notamment l’impact négatif de la PAC sur les pays émergents.

 

Pause déjeuner dans les chaumes pour ces Maliennes qui ont travaillé toute la matinée à récolter le riz manuellement

Difficile de dresser un bilan économique en Afrique sans remonter aux années 80 et aux politiques  d’ajustement structurel. Les filières vivrières ont alors été libéralisées et ont  perdu l’appui des pouvoirs publics qui ont privilégié les filières d’exportation, tant au niveau de la recherche, que du financement. Vingt-cinq ans après, la crise alimentaire provoquée par la flambée des prix mondiaux en 2007-08, a mis en lumière l’ineptie de ces choix politiques. Elle a montré les risques d’une forte dépendance à l’égard des importations pour nourrir les populations. En conséquence, l’agriculture, oubliée des programmes de développement des Etats et des bailleurs de fonds depuis la période des ajustements, a retrouvé sa place dans les priorités nationales, régionales et internationales. Face à cette crise, les Etats ont affirmé, et en partie fait la preuve, qu’ils étaient disposés à accroître les ressources budgétaires allouées à l’agriculture. La région de l’Afrique de l’Ouest s’est par ailleurs dotée d’une politique agricole régionale, l’ECOWAP. La participation des Organisations Paysannes (OP) dans le processus à permis de placer la souveraineté alimentaire  et la modernisation des exploitations familiales au cœur de cette politique.

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Les pays en développement n’utilisent que 25 % des pesticides produits dans le monde mais ils enregistrent 99 % des décès dus à ce type d’intoxication, d’après l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS). Quant à la mortalité liée à la sous-nutrition, elle est à 100 % localisée dans ces mêmes pays.

Vendus pour améliorer les récoltes, 30 % des pesticides commercialisés dans les pays en développement ne sont pas conformes aux normes acceptées mondialement, d’après l’OMS. En Afrique, les producteurs sont exposés aux effets nuisibles de ces produits : manque d’alphabétisation pour lire les notices, de formation aux techniques agricoles …  Selon la FAO, le nombre annuel des intoxications des enfants par ces produits se situe entre 1 et 5 millions dont plusieurs milliers de cas mortels.

Au regard de la problématique de la faim, la question sanitaire ne pèse peut-être pas lourd et les ventres vides ne se formaliseront pas de ce que, dans leur combat quotidien, quelques-uns tombent sous les coups collatéraux… des pesticides. Mais assez de cynisme face à la faim ! Ni les pesticides ni la charité n’apportent de solution à tous ceux qui voudraient manger à leur faim. Être en capacité de produire sans être à la merci des vendeurs de chimie (ou de semences), voilà ce que revendiquent les producteurs africains.

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