Un défi majeur se profile en Afrique de l’Ouest : trouver les solutions en vue de nourrir une population appelée à doubler dans les 30 prochaines années, dans un contexte d’explosion urbaine. Face à ce défi, SOS Faim a souhaité inscrire la problématique céréalière de la région à l’agenda de ses partenaires, organisations paysannes (OP) des différents pays de la région. Compte tenu du poids des céréales dans les économies alimentaires, dans les systèmes de production, et enfin dans les échanges régionaux, elles constituent un des principaux enjeux au regard des objectifs de souveraineté alimentaire affichés par les OP régionales.
Plus de 70 participants ont ainsi pris part au Séminaire régional sur le développement des filières céréalières en Afrique de l’Ouest qui s’est tenu à Ouagadougou du 23 au 25 novembre 2010 à l’initiative de SOS Faim. A l’issue de ce séminaire, un processus de capitalisation a été entamé dont bien des conclusions transcendent la région ciblée et qui soulignent notamment l’impact négatif de la PAC sur les pays émergents.
Difficile de dresser un bilan économique en Afrique sans remonter aux années 80 et aux politiques d’ajustement structurel. Les filières vivrières ont alors été libéralisées et ont perdu l’appui des pouvoirs publics qui ont privilégié les filières d’exportation, tant au niveau de la recherche, que du financement. Vingt-cinq ans après, la crise alimentaire provoquée par la flambée des prix mondiaux en 2007-08, a mis en lumière l’ineptie de ces choix politiques. Elle a montré les risques d’une forte dépendance à l’égard des importations pour nourrir les populations. En conséquence, l’agriculture, oubliée des programmes de développement des Etats et des bailleurs de fonds depuis la période des ajustements, a retrouvé sa place dans les priorités nationales, régionales et internationales. Face à cette crise, les Etats ont affirmé, et en partie fait la preuve, qu’ils étaient disposés à accroître les ressources budgétaires allouées à l’agriculture. La région de l’Afrique de l’Ouest s’est par ailleurs dotée d’une politique agricole régionale, l’ECOWAP. La participation des Organisations Paysannes (OP) dans le processus à permis de placer la souveraineté alimentaire et la modernisation des exploitations familiales au cœur de cette politique.