Que l’Europe s’obstine à fermer ses portes aux Africains en quête de mieux vivre, le décompte macabre des morts en Méditerranée nous le rappelle chaque semaine.

Moins connue est le rôle de l’Union européenne qui alimente indirectement ces flux en contribuant à la  paupérisation des populations : que valent en effet les 0,7% de leur RNB que les meilleurs élèves de l’UE consacrent  à l’aide publique au développement, lorsque, dans le même temps, l’UE mène avec ses « partenaires » africains des négociations commerciales qui accordent aux marchandises ce qui est refusé aux hommes : l’ouverture des frontières et la libre circulation ?!

 

Ce n’est pas là le moindre des paradoxes : cette même Commission UE qui met en place de fâcheux accords pour cantonner les humains de l’autre côté de ses frontières, a décidé de passer en force pour voir entrer en vigueur un accord de libre-échange avec les pays d’Afrique de l’ouest et d’Afrique centrale. Alors que les négociations des Accords de partenariats économiques (APE), entre l’UE et ses partenaires africains trainent depuis plus de dix ans, faute d’emporter l’adhésion des pays dits « partenaires », la Commission vient de fixer un ultimatum à la ratification de ces accords au 1er octobre prochain. Elle a en plus annoncé recourir aux « actes délégués » afin d’éviter un vote du Parlement européen sur la question !

Pour l’eurodéputé Emmanuel Maurel, cette manière de faire est « inacceptable d’un point de vue démocratique », tandis que plusieurs syndicats et organisations françaises ont dénoncé dans un communiqué une Commission voulant « forcer les Etats africains » à signer « avant même que les débats démocratiques aient eu lieu  au sein de leur Parlement ». Côté africain, les critiques sont plus virulentes encore : « Les APE constituent la dernière tentative de l’Europe de continuer à aggraver le sous-développement de l’Afrique », a ainsi déclaré le bureau Afrique de la Confédération syndicale internationale (CSI). Plus précisément, nombre d’études ont montré les risques intrinsèques à pratiquer le libre-échange entre des zones économiques inégales, comme c’est évidemment le cas avec les APE qui prétendent établir le libre-échange entre le géant européen et les économies sous-industrialisées d’Afrique : « La mise en œuvre des APE va inonder les marchés de la CEDEAO [Communauté économique des États d’Afrique de l’Ouest – ndlr] de produits agricoles beaucoup plus compétitifs, entraînant ainsi la disparition de plusieurs filières agricoles, avec de graves conséquences économiques et sociales, comme la ruine de millions de petits agriculteurs et l’aggravation de la dépendance alimentaire de plusieurs pays ».

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